Pendant plus de deux décennies, Richard Spénard a été l’un des pilotes québécois les plus redoutables. Un nom respecté sur les circuits de Formule Atlantique, de Porsche Turbo Cup, de Trans-Am, GM Motorsport Series et même aux 24 Heures du Mans et de Daytona. Mais ce que peu savent, c’est que derrière le casque se cachait un homme qui n’a jamais eu besoin de moteur pour ressentir la vitesse.
Spénard n’a jamais fait les choses à moitié. Le natif de Montréal a été Champion dès ses débuts à l’École Jim Russell à Mont-Tremblant, il devient en 1977 le coéquipier de Gilles Villeneuve en Formule Atlantique. En 1986 seulement, il enchaîne 12 victoires en 24 départs dans trois séries différentes. En 2001, Spénard est intronisé au Temple de la renommée du sport automobile canadien.
Pourtant, la piste n’a jamais été une finalité pour lui. « Les voitures, c’était un moyen de combler ma soif de compétition. Je n’étais pas un gars de char. » explique-t-il. Après sa retraite, c’est d’abord le vélo de montagne qui l’a accroché sérieusement. Pour lui, les parallèles avec la course automobile sont nombreux : « l’équilibre, la friction, la vitesse et la vision. Et la recherche constante de traction au freinage comme à la sortie des virages. »
En 2005, c’est à Sainte-Adèle, que Spénard trouve un nouveau terrain de jeu. Il fait l’acquisition d’un terrain d’une centaine d’acres, niché au cœur d’un ancien domaine de ski de fond, qu’il transforme peu à peu en un vaste réseau de sentiers. Au fil des ans, des nouveaux terrains sont découverts et des nouveaux sentiers sont créer. Le site compte maintenant plus de 16 km de pistes. Des milliers d’heures y ont été investies. « J’ai eu la chance d’avoir ce terrain-là, alors je me suis dit : pourquoi ne pas le partager avec des gens qui ont les mêmes valeurs? Des familles, des sportifs, des amoureux du plein air. » Depuis 2021, le terrain ne lui appartient plus, mais les sentiers demeurent accessibles, gratuitement, grâce au nouveau propriétaire et à ceux qui participent à leur entretien.
Et quand ce n’est pas sur deux roues qu’il s’exprime, c’est sur l’eau. Après avoir longtemps pratiqué la planche à voile, il découvre le kitesurf— un sport qui, comme la course, demande vitesse, agilité et précision. « J’ai vu des kiters à Hood River, en Oregon. Je me suis dit : “Je dois faire ça avant de mourir.” » Depuis, il n’a jamais arrêté.
Dans les dernières années, Richard Spénard a partagé ses étés aux Îles-de-la-Madeleine — attiré par leurs vents réputés pour le kitesurf — et ses hivers dans la péninsule de Baja, au Mexique, entre mer et sentiers de vélo de montagne. Dernièrement, il a choisi de revenir aux sources en s’établissant à Tremblant pour la majorité de l’année. Un retour à la base, là où tout a commencé.
Ses années en temps que pilote automobile sont peut-être derrière lui, mais Richard n’a jamais levé le pied. Prouvant que changer de voie ne veut pas dire ralentir.
Lien vers l’article : https://tremblantexpress.com/category/chroniques/#dflip-df_25238/35/
